Exposition digitale: La Covid-19 vu par les jeunes exilé.e.s
Il est indéniable que les trois dernières années n’ont pas été tendres pour la population mondiale, et les nombreux facteurs de la pandémie COVID-19 ont certainement eu des effets significatifs sur la santé mentale. Alors qu’une nouvelle couche de traumatisme collectif s’ajoute à la vie des jeunes réfugié.e.s et exilé.e.s, Solentra a choisi d’encourager ces jeunes à s’exprimer à travers l’art de la photographie.
RE-IMAGINE expose les photographies et les histoires de 29 jeunes talents. En suivant le thème principal “Comment j’ai vécu la pandémie”, les jeunes photographes ont choisi d’aborder divers sujets tels que la peur, la solitude, la tranquillité d’esprit, la famille, et bien d’autres encore.
Avec une équipe créative de Globe Aroma et les curatrices Gaëlle Khalife et Deborah Ephrem, les jeunes ont cherché une manière de présenter leurs photos et leurs histoires à un public plus large.
Votre organisation ou votre école souhaite-t-elle organiser elle-même cette exposition ? Contactez-nous : solentra@uzbrussel.be
Ce projet de Solentra a été réalisé grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin (Fonds UCB), Globe Aroma et Pianofabriek.
Esc.ap.ism
David │ Lorsque la quarantaine a commencé, et que les portes de cet endroit ont été fermées : pour moi, c’est officiellement devenu une prison. La seule chose qui nous a maintenus en vie, c’était ce petit espoir présent en chacun de nous. Beaucoup sont tombés, beaucoup ont coulés et d’autres ont beaucoup pleurés. Pas moi. On m’a donné quelque chose que personne d’autre n’a reçu, ce qu’aucun autre réfugié n’a obtenu en Belgique : les clés du paradis. Mon endroit à moi, rempli d’intimité et de silence. Une petite chambre dont les murs forment un horizon éternel. J’ai survécu grâce à cet endroit.
Ahmad │ Nuits bruyantes │ Lors de la pandémie, il y avait beaucoup de bruit dans le centre pendant la nuit. Chaque châssis a besoin de fenêtres, sinon cela n’empêche pas le bruit.
Hamid │ Ce qui me fait me sentir en paix à l’intérieur │ Il n’y a plus rien à faire. On ne peut pas sortir, tout est fermé. Boire du thé et fumer étaient les rares choses que nous pouvions faire à l’époque. Être avec mon oncle et partager ces moments m’a gardé proche de ma famille et m’a permis de rester en contact avec elle.
Hamid │ La vie dans le centre n’était pas agréable pendant la Covid. Trop de personnes vivaient ensemble. Internet se coupait à minuit. Mais je n’avais pas d’autre choix que de rester fort. C’est comme ça que je voulais que ma famille me voie.
Ismail │ Propreté│ Ce n’est pas comme ça qu’on garde une bonne santé. Généralement, ma chambre est un bon exemple. Je l’ai juste mise en désordre pour la photo.
Leslie │ Quand j’arrive quelques minutes avant l’entraînement, je vois le terrain vide et cela suscite une sorte de sentiment de paix en moi. Tout est silencieux et je commence souvent à jouer avec la balle en attendant les autres. Les autres arrivent car la pandémie est derrière nous, et nous commençons à jouer ensemble.
Shoaib │ 11 mars 2020, première pandémie │ À chaque fois que je vois des rues vides comme celle-ci, cela me rappelle le confinement de la Covid : tous les commerces fermés, la distanciation sociale, les masques. Cependant, j’ai aussi retenu des points positifs de ces jours-là. Les écoles étaient fermées et je restais à la maison avec ma mère et mon chien, à regarder des films. J’espère tout de même que cela ne se reproduira plus jamais.
Sabna │ Pendant la période Covid, j’étais chez moi tous les soirs, j’avais le temps de regarder ces lampes allumées depuis ma fenêtre, et je me disais : pour chaque zone d’obscurité, il y a de la lumière.
Mohamed │ Les yeux vidéo │ Nous étions confinés, plus rien n’était comme avant. Pendant cette période, j’avais du mal à m’occuper donc je ne faisais rien d’autre que jouer aux jeux vidéo. Je ne pouvais même pas sortir pour jouer ou faire du sport, je ne pouvais pas voir mes amis. Je m’ennuyais tellement, je me sentais tellement seul, juste à rester à la maison, assis, à jouer à des jeux vidéo. J’ai plus tard réalisé que j’avais perdu tout ce temps, et honnêtement, je le regrette.
Santé
Ali Sina │ Narin │ La période de pandémie n’a pas été facile, mais cela aurait sûrement été encore plus difficile si je n’avais pas eu ma famille à mes côtés. J’ai été moi-même infecté, et les médicaments n’ont pas été mon seul remède. Ma famille était aussi une sorte de médicament; à la fois pour mon âme et mon esprit. Pendant la période où sociabiliser avec d’autres personnes était difficile, j’ai appris à mieux connaître ma famille. Le Covid a apporté beaucoup de mauvaises choses, mais si je peux en mentionner une bonne, c’est que cela a renforcé les liens entre les membres de ma famille. Comme le lien entre Narin et moi.
Ahmad │ Maintien d’une bonne hygiène personnelle │ Nous pouvons prévenir tout type de maladie en nous désinfectant constamment les mains et en maintenant une bonne hygiène personnelle.
Barakat │ Faire du sport m’aide à me maintenir fort et en bonne santé.
Ilyjah │ Masque de protection │ C’est ce dont les gens avaient besoin pour survivre au coronavirus et ne pas être contaminés par cette maladie. Il arrivait que beaucoup de gens ne portent pas leur masque correctement, ils le portaient sur le visage, mais il était trop bas. C’est la raison pour laquelle le coronavirus fait toujours partie de ce monde. Mais moi, j’aime quand même le porter car je ne veux pas être contaminé par la Covid, comme ça, je ne tomberai pas malade.
Ilyjah │ Citron│ Le citron contient de la vitamine C. Nous en avons besoin pour renforcer notre système immunitaire, comme ça, le coronavirus ne pourra plus nous toucher. J’aime beaucoup les citrons trempés dans un peu d’eau, mais parfois, j’aime aussi les manger quand ils sont bien acides.
Rahmani │ Cette photo représente les jours difficiles que nous avons eu en Belgique, pendant la pandémie. Nous en avons eu beaucoup après notre arrivée en Belgique, car la situation autour de la Covid et du confinement était très mauvaise. Pour moi, ça a été dur de faire face aux difficultés et aux épreuves : être loin de mon pays, des bras réconfortants de ma famille, de mes amis proches, et puis toutes ces règles très strictes concernant le virus… cela a rendu ma vie très compliquée.
Monuments de lutte et de sécurité
Ami │ Coronavirus │ Rendre hommage aux soldats oubliés
David │ En plus de toutes les souffrances et la misère, les réfugiés ont dû faire face à un autre fléau. En effet, ils ont eu l’impression d’être encore moins bien traités que des animaux, par un système déjà en crise en temps normal. Malgré cela, cet horrible pays me rend heureux. Mais c’est un bonheur égoïste. Je souris parce que je sais que personne ne bombarde ma maison ou ne tue ma famille.
David │ Lorsque l’on m’interroge sur mes souvenirs de la vie dans un centre de réfugiés en Belgique pendant la pandémie, ce qui me vient à l’esprit, c’est un sentiment amer. Comme un martyr qui se souvient de son dernier châtiment. Je n’ai jamais vraiment eu peur du virus, je ne l’ai jamais considéré comme dangereux. Pour moi, le vrai danger, ce sont les conditions de vie dans un centre de réfugiés. Si vous n’êtes pas assez fort, elles vous détruisent de votre vivant. Lorsque la quarantaine a été imposée pendant près de deux mois, beaucoup de mes amis ont sombrés dans la folie. La nourriture dans les centres de réfugiés a toujours été mauvaise, mais, durant la pandémie, nous ne pouvions même plus sortir pour manger autre chose. La surpopulation et le manque d’hygiène, c’est le lot quotidien pour les réfugiés, mais là, nous ne pouvions même plus sortir de nos cages. La privation de sommeil est courante, mais à ce moment-là, nous ne pouvions même plus dormir chez un ami pour pouvoir au moins profiter d’une nuit reposante. Le coronavirus n’a pas aggravé notre réalité de réfugiés, il nous a seulement empêché d’y échapper.
Ilyjah │ Église│ C’est ici que ma famille et moi venons prier pour que le coronavirus disparaisse, espérons-le, ou pour demander des conseils concernant la maladie et les problèmes qui l’accompagnent. Nous demandons des conseils pour que nous n’abandonnions jamais la vie ou le monde dans lequel nous vivons, même s’il existe un problème tel que le coronavirus.
Maroofkhel │ Malgré la pandémie Covid, être en Belgique m’a permis d’aller à l’école, de sortir, d’être en sécurité et d’être heureux.
Romal │ La pandémie a augmenté mon niveau de stress et d’inquiétude, ce qui a également affecté mes relations sociales, ma confiance envers les autres et envers les institutions. J’ai essayé de prier pour moi et mes parents. Ma plus grande inquiétude était de les perdre pendant la pandémie, car la famille c’est quelque chose de très important pour moi.
Romal │ J’ai dû abandonner ma maison, mes amis, tout ce que je possédais. Je n’étais pas autorisé à travailler jusqu’à ce que j’obtienne le droit de séjour en Belgique, mais j’ai pu accéder à l’aide à l’asile et recevoir un soutien psychologique.
Haarpreet │ Les tourtereaux │ Pendant le Corona, il y avait une fille qui me plaisait beaucoup, mais on ne pouvait pas se voir à cause du confinement. J’ai fait cette photo pour que, le jour où on se retrouve, je lui dise à quel point je l’aime.
Rahmani │ Les bons et les mauvais côtés du Coronavirus │ Cette photo représente les bons et les mauvais jours pendant la Covid. Il y a peu de personnes à qui je ne parle plus sur cette photo ; la plupart sont des personnes adorables. On ne pouvait pas sortir, comme des prisonniers dans une cage, mais j’ai appris beaucoup de choses pendant la période compliquée du confinement. C’est pendant un de ces jours-là que j’ai pu dessiner cela aussi bien.
Entouré d’isolation
Jawid │ Étudiants à l’école │Mon voyage jusqu’en Belgique a été extrêmement tumultueux, et j’étais nouveau en arrivant ici. Puis, j’ai enfin pu commencer à apprendre la langue. Je faisais de mon mieux pour apprendre la langue le plus vite possible. Nous faisions de notre mieux, heureux et occupés par nos études. Mais ce bonheur n’a duré que trois ou quatre mois, car après, nous avons été confinés à nouveau et nous avons dû arrêter les cours pendant un an et demi. Ça me manquait beaucoup trop. Ne perdez pas votre temps, il est précieux !
Ali Sardar │ Loin des amis │ Pendant la pandémie, on ne pouvait pas s’asseoir ensemble et manger les uns à côté des autres. C’était une mauvaise nouvelle pour nous
Ali Sina │ Union│ C’était bientôt le Nouvel An, et nous avions l’habitude de sortir dîner avec des amis chaque année. Mais en 2021 cela n’a pas pu se faire, à cause de la Covid. Nous étions déçus de ne pas pouvoir manger au restaurant cette année-là, mais nous savions que si nous suivions les règles du mieux que nous pouvions, nous nous en sortirions plus rapidement. Cela nous a encouragés à faire de notre mieux pendant encore un certain temps. C’était une sorte de travail d’équipe. La leçon que nous avons apprise de cette époque est qu’on ne peut pas toujours résoudre quelque chose tout seul, parfois nous devons tous faire quelque chose pour améliorer la situation.
Kamran │ Réalisent-ils à quel point il est important d’être avec sa famille et ses amis ? J’aimerais tellement pouvoir manger au restaurant avec eux.
Yasmin │ Sur cette photo, nous étions à nouveau ensemble et heureux après le virus.
Connexion
Victoria │ Ma soeur a attendu un an que nous soyons à nouveau ensemble pour se marier. Quand nous avions presque perdu espoir, c’est enfin arrivé. Ce fut l’un des moments les plus beaux et les plus heureux de notre vie. Ce n’était peut-être pas comme nous l’imaginions, mais c’était merveilleux parce que nous étions vivants, en bonne santé et ensemble.
Ami │ Ouverture d’une nouvelle entreprise ! De nouvelles opportunités.
Barakat │ Je n’allais pas à l’école en Afghanistan. Je suis heureux d’aller à l’école maintenant et d’être avec les autres. Pourtant, j’ai parfois peur que le virus se répande une nouvelle fois.
Maria │ Appel vidéo│ En pleine pandémie, la technologie a été d’une importance cruciale. Nous étions éloignés, mais pas déconnectés.
Maria │ Joyeux anniversaire │ Je venais d’arriver en Belgique quand la pandémie a commencé. Nous ne pouvions inviter personne, ni sortir avec qui que ce soit. À ce moment-là, mes parents n’avaient pas assez de moyens pour vraiment organiser quelque chose pour mon quinzième anniversaire. Néanmoins, c’était une fête très intime et belle.
Umar │ Serrer les mains│ Avant, je serais la main en guise de salutation. Dans ma culture, cela représente la connexion et le respect. J’essaie de reprendre cette habitude sans être stressé.
Sabna │ Corona m’a appris ceci : dis à ta famille que tu les aimes. Cela ne sert à rien une fois que tu les perds.
Tejan │ Je m’amusais toujours beaucoup avec mes amis, mais à cause de la covid, ce n’était plus possible. Tous les bons moments qu’on passait ensemble me manquaient vraiment beaucoup. Un jour où nous étions ensemble, où nous étions juste heureux, nous avons pris une photo, en symbole de notre amitié. Nous ne savions pas à ce moment-là que ça n’arriverait plus avant longtemps.
Re-connecting │ C’est nous, il y a longtemps, après que notre première rencontre à l’école. C’était l’époque du Coronavirus, donc nous portions des masques. L’élastique entre nous nous reliait un peu, en quelque sorte. À ce moment-là, tout le monde se présentait en classe. Nous avons tous changé, et l’époque également. Nous sommes reconnaissants d’être toujours ensemble, d’avoir un lien plus profond, comme ces élastiques. Heureux qu’il n’y ait plus de masques, et heureux de pouvoir se regarder et reconnaître qui nous sommes et ce qui nous unit : on est tous différents mais pourtant semblables, distants mais proches, originaires d’endroits divers mais partageant un espace commun, on parle différentes langues mais on se comprend… on est connectés, même en étant éloignés.
Mots
Maria │ Lettre │ En 2021, quand j’ai fêté mes 16 ans, mon copain n’a pas pu venir me rendre visite à cause de la pandémie. J’étais très triste. Mais grâce à une lettre qu’il avait écrite à la main, il a réussi à me faire sourire. Mon enfant intérieur était aux anges.
Ahmad │ Étude et écriture d’histoires │ Il ne fait aucun doute que le coronavirus est le phénomène le plus étrange auquel l’humanité ait été confrontée au cours du dernier demi-siècle. Et l’une des principales solutions était la quarantaine. Pendant la pandémie, il y avait beaucoup de choses intéressantes et utiles à faire. L’une d’elles était, pour moi, intéressante et agréable. Il s’agissait du fait de lire des livres célèbres comme l’homme le plus riche de Babylone et écrire des nouvelles. Sans oublier la méditation !
Khogyani │ Pendant la pandémie, j’étais heureux parce que je lisais beaucoup de livres en néerlandais et j’ai donc pu apprendre la langue rapidement.
Maria │ Le bonheur en Alaska │Je pense que l’Alaska est à la fois un lieu, une situation et même un état émotionnel. Il représente pour moi un pays étrange, je l’ai associé avec la vie en temps de pandémie. Ce livre m’a beaucoup appris sur les concessions à faire pour marcher avec légèreté et calme dans la vie, indépendamment de la pandémie ou de la confusion que j’ai ressentie en étant dans un nouveau pays. Chaque jour qui passe, il devient plus clair pour moi qu’une grande partie du chemin vers la force, le développement personnel et la stabilité émotionnelle pourrait se résumer à ceci : être heureux sans rien ou souhaiter rester malheureux au paradis.
Victoria │ Mon salut │ La plus belle chose au monde, c’est avoir quelqu’un qui nous sauve en cas de danger. C’est ce sentiment d’avoir besoin d’être sauvé, et d’avoir besoin que les autres survivent. Beaucoup d’entre nous étaient seuls, d’autres plus unis que jamais, mais nous pensions tous que personne ne nous sauverait.
Yasmin │ Pendant le confinement, nous avons réalisé à quel point les livres sont importants et précieux.
L’oxygène est vert
Rahmani │ Un des jours les plus heureux de ma vie │ J’ai un souvenir particulièrement mémorable d’après la Covid, l’un de mes meilleurs même. Je n’oublierai jamais ce moment, lorsque nous avons pu nous retrouver entre amis proches après toutes les difficultés, sans avoir peur du virus. Nous n’avions plus peur les uns des autres, nous pouvions enfin nous asseoir et dîner ensemble.
Ali Sardar │ Ville propre │ Pendant le coronavirus, il y avait beaucoup de masques par terre et dans les environs. Cependant, si nous le voulons, nous pouvons garder les rues propres. Cela pourrait être un message pour tout le monde.
Ali Sardar │ Être seul │ Nous avons parfois besoin de nous asseoir seuls sans que personne ne nous ennuie. C’était une bonne nouvelle pour certaines personnes. Pendant un moment, être seul m’a fait du bien.
Ami │ J’étais en voyage et j’ai apprécié ce moment.
Jawid │ Le parc me détend │ Pendant la pandémie, je m’ennuyais. Je ne pouvais pas aller à l’école, je ne pouvais pas sortir avec mes amis : c’est pourquoi j’allais au parc, pour m’apaiser.
Kamran │ Être heureux ensemble │ Passer du temps ensemble me rappelle à quel point nous sommes heureux sans la Covid.
Leslie │ Dans le bus, le masque n’était pas agréable à porter car je pouvais à peine respirer. Maintenant, chaque fois que le bus arrive à mon arrêt, je pense à un potentiel retour de la pandémie et donc du masque.
Maria │ Juin 2020 │ Une période de restriction pour tout le monde. Le vélo était pratiquement la seule option pour vivre ma vie car je n’avais pas droit à autre chose. Cela devient encore plus important lorsque vous voulez ou que vous avez besoin de parcourir le monde avec quelqu’un.
Dayana │ Nature │Avant la pandémie, je ne réalisais pas l’importance et la beauté de la nature. Puis je me suis rendu compte que la nature était la seule chose qui pouvait remonter le moral : voir les paysages verdoyants, les rivières… Je voulais simplement sortir et en profiter.
Maria │ Printemps │ Première semaine de confinement. Pour la première fois, je réalise que je vivais dans un décor de carte postale. Le reste du confinement, j’étais, en général, heureuse, grâce à des endroits comme celui-ci.
Liberté
Ami │ Papa qui est content car on peut enfin partir.
Jawid │ Peu de monde dans le tram │ Quand je vois un tram, je me souviens que pendant la pandémie du Coronavirus, ils étaient calmes et quasiment vides. Tout le monde restait à la maison le plus possible, personne ne pouvait aller travailler, sortir, ou faire d’autres activités. Cette crise concernait tout le monde.
Romal │ Février 2021 │ Nous allions nous promener dans la nature tous les jours. En restant à la maison toute la journée sans rien faire, et ce plusieurs jours de suite, ma santé mentale et physique empirait.
Sabna │ J’allais me promener tous les soirs pendant le Coronavirus et les rues étaient vides. J’avais très peur que la situation ne s’améliore pas.
Dida │ Le pire mois │Le pire mois de ma vie. J’ai dormi dans une pièce vide pendant un mois, et cela a eu des effets négatifs sur moi. Je me sentais très seule et je ne pouvais pas aller à l’école. J’en souffrais beaucoup, mais je suis restée forte et j’ai continué à regarder cette belle vue.
Dida │ Enfin à l’extérieur │ Après un mois, j’ai pu sortir et j’étais si euphorique, j’avais l’impression de renaître.
Dida │ C’était une très mauvaise période, mais elle est désormais finie pour mon plus grand bonheur. Le virus est toujours présent, mais beaucoup moins, ce pourquoi je suis tellement reconnaissante.
Victoria │ Je suis arrivée en Belgique par avion. Ma mère et moi avons passé une partie du Coronavirus en Argentine, où on vivait seulement à deux. Nous avons dû attendre encore un an avant de pouvoir rejoindre le reste de notre famille. Ce fut un vol horrible, 21 heures passées à nouveau enfermées. Mais le soulagement quand nous sommes descendues de l’avion, c’était le plus beau sentiment au monde. Après 4 ans, nous étions à nouveau tous réunis. C’était le moment que j’attendais le plus.
Venus │ Fleurir │ Les petites fleurs sauvages me rappellent la période de la covid et du confinement, quand personne ne pouvait sortir de chez soi. Après le confinement, les gens ont commencé à sortir à nouveau, exactement comme les fleurs au printemps. Le monde a fleuri de fleurs, mais aussi de gens.
Libre comme un poisson dans un gobelet
David │ Vous n’aimez pas cette photo ? Imaginez que dans chaque chambre de chaque appartement il y a 5 lits. Vous ne pouvez pas quitter la pièce, encore moins la maison. J’ai dormi dans un de ces lits toutes les nuits sans savoir quand je retrouverais ma liberté. C’est ça, la quarantaine pour un réfugié. Aussi mauvaise qu’elle puisse être pour les Belges ; elle est sans doute encore pire pour les réfugiés.
Tejan │ L’hiver pendant le Coronavirus │ En Afrique, je m’étais toujours demandé à quoi ressemblait la neige. Quand j’ai vu à quoi ça ressemblait sur mon téléphone, c’est directement devenu mon rêve : pendant des années, j’ai rêvé de pouvoir la toucher, jouer avec, même de la goûter. Mais ce n’était rien de plus que cela … un rêve.
En septembre 2020, j’ai eu la chance de venir en Belgique. Le premier mois est passé vite, tout comme octobre et novembre. Puis décembre est arrivé. Chaque matin, je me levais et j’allais voir par la fenêtre s’il avait neigé. Peu à peu, la neige, qui me fascinait alors tellement, a commencé à perdre son intérêt à mes yeux.
Puis, le 14 décembre, il a neigé. J’étais heureux, tellement heureux. Je me suis précipité pour enfiler mes chaussures et mon manteau, et je suis sorti avec mes soeurs. Nous avons joué pendant des heures. J’ai vraiment adoré. Les deux jours qui ont suivi, il a continué à neiger. C’était tellement chouette !
Un jour où il neigeait, j’ai été courir enfiler mes chaussures lorsque ma maman m’a arrêté, et m’a dit que je ne pouvais plus sortir parce que nous étions confinés. Elle m’a dit que si on sortait sans bonne raison, on pourrait recevoir une amende. Alors, j’ai fait ce qu’elle a dit, et je suis resté à l’intérieur. Regarder la neige tomber me rendait heureux, mais en même temps très triste. Je pouvais regarder la neige et l’admirer de loin, mais ce n’était plus la même chose. J’aurais tellement préféré que la neige tombe sur moi plutôt que sur le sol.
Ali Sina │ Silence agréable │ Couvre-feu, il était 21h30, c’était un mercredi soir pendant la période du coronavirus. Le couvre-feu était à 22h. J’étais sur ce pont en vélo en train de rentrer vers ma chambre étudiante. Ce silence me rappelait notre village en Afghanistan quand il faisait noir. Beaucoup de gens détestaient le couvre-feu, mais j’aimais le silence de ce moment-là. Cela me rappelle de nombreux souvenirs. Parfois, une chose peu joyeuse peut quand-même vous procurer un sentiment agréable.
Khogyani │ Pendant la pandémie, j’étais triste parce qu’on ne pouvait pas jouer et s’amuser avec nos amis.
Romal │ Je me sentais isolé socialement et émotionnellement et, bien sûr, seul et déprimé. Mon anxiété et ma dépression étaient pires que d’habitude. Mes habitudes de vie, ma routine, mes activités physiques et mon sommeil en ont souffert.
Yasmin │ Pendant le corona, je me suis rendu compte que nous devons profiter davantage de la vie en extérieur. Je n’avais jamais réfléchi au fait que, alors que nous devions rester enfermés à la maison durant trois mois, les poissons, eux, passent leur vie entière enfermés dans un aquarium.
Abdikafi │ Le confort de la constrainte │ La période Covid a été très compliquée, parce que je voulais passer du temps avec mes amis, mais ce n’était pas possible. Une des choses que j’aimais vraiment faire, c’était regarder la télé, mais je n’étais pas heureux parce que parfois j’avais l’impression de rêver. Ce n’est pas facile de regarder la télévision tous les jours.